d’incise
“(aral)”
(aral)_excerpt 1
(aral)_excerpt 2
::: INTRODUCTORY WORDS :::
The desert as sea is the main idea of this piece.
I recorded water in transitional state,
to make music about water without a sound of it.
Just its trace in the air, like the ones in the sand.
There is metal expanding due to its own heat.
And this impossible attempt of a contact with liquid.
Explosive, sudden evaporations, as storms.
One microphone was malfunctioning too,
as if it refused to serve a lost cause.
The sea is almost gone, but remains a sea nevertheless.
– d’incise (April 2013)
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Le désert comme mer est l’idée maîtresse de cette pièce.
J’ai capté l’eau dans son état transitoire,
pour faire de la musique à propos de l’eau dénué du son de celle-ci.
Juste sa trace dans l’air, comme celles dans le sable.
Il y a du métal qui se dilate sous l’action de sa propre chaleur.
Et cette impossible tentative de contact avec du liquide.
Explosives, soudaines évaporations, telles des tempêtes.
Un micro était défectueux aussi,
comme s’il refusait de servir une cause perdue.
La mer est presque partie, mais demeure une mer malgré tout.
(translated by Daniel Crokaert)
::: PRESS RELEASE :::
Geneva based, very active and free electron of an exploratory music with diverse accents, d’incise (whose real name is Laurent Peter) keeps on eating up the miles away from arbitrary categorizations…As well as being a graphic designer, coordinating the Insubordinations label, and having collaborated with a host of artists (Cyril Bondi, Jason Kahn, Tomas Korber, Norbert Moslang, Jacques Demierre, Jonas Kocher, to name a few…), he’s also fond of sound installations, manipulations of objects, and improvisation, and tours actually quite a lot…
Borrowing from musique concrète, electroacoustic music, drone, electronica, field recordings…, d’incise plays skilfully with acoustic sources, giving birth each time to powerful sound microcosms, catalysts of engulfing listening moments…
Here, a flux of particles, an effervescent gush, like an elementary wave with countless appearances…
(aral) sprays, letting curls and sulfurous steams slip in suspension…
sizzling blanket with an irregular & intricate weft,
granular quiverings in bareness,
a sea that never dies/remains…always the same, ever differing…
(aral) shakes the sediments inducing minuscule frictions, lashings…
an immersion in the course of an hidden side into the muddled and the turbulent…
Beyond the roughnesses, the pseudo-linear, looms then like an evidence,
the emergency of another gaze…
::: TRACKS :::
1. (aral)
::: DURATION :::
40:32
::: FORMAT :::
CD ltd to 200 copies
150 first copies come with an additional art card on 300 gr satin paper
::: REVIEWS :::
Considérer que Laurent Peter alias d’incise est un musicien de l’austérité est une idée qui ne passe pas l’écoute prolongée. Si le faible volume, l’espace qui se développe entre ses sons, le temps que leur expansion et leur conversation nécessitent pour coloniser la trame, peuvent suggérer une excessive tempérance, c’est avant tout un problème d’échelle, de perception. D’incise produit une musique de l’infime, et l’on assiste à sa levée de la musique, à sa quête d’un système de résonance, d’harmonie minuscule dans la collection de grains, de souffles, de fils. Avec cela, génie du lieu musical ou tropisme de vie, des gestes imperceptibles, des lumières ténues, dénoncent une construction dont la perfection minimale le dispute à l’architecture des radiolaires. Sur Mystery Sea, d’incise a donné (aral), jouant sur le nom du label, cette étendue primordiale qu’est la mer. Mais pour cela, aucun son liquide, car Aral est une mer disparue, un fantôme ; une musique de transition entre les états de l’eau, la poésie de sa disparition, un panorama des interstices peuplant l’infini aqueux. Dans cette uniforme surface, c’est le salé qu’a ainsi retenu d’incise, le grain dans le rouage ; l’événement prend corps dans l’indéterminé à la façon d’un mécanisme quantique. La recréation d’une harmonie dans cet arsenal de souffles, de crépitements, de vibrations luminescentes s’apparente alors à de la microscopie démiurgique.
Denis Boyer
Feardrop
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Ainsi, le superbe (aral) de d’incise pose, en plus de la musique qui y est présentée, un espace de pensée qui non seulement continue de me conforter dans le bien que je pense de cette scène des musiques suisses – ou plutôt des musiciens suisses, de tous ceux qui gravitent entre improvisation et rigueur (non pas que l’improvisation ne puisse être rigoureuse, c’est juste que quand elle ne l’est pas, elle devient terriblement prévisible, niant par là sa nature même), entre instruments acoustiques et électronique (analogique et bidouillée autant que digitale), sans séparer les deux en familles ou clans antagonistes – mais de plus (aral) s’affirme comme une grande pièce de son auteur, une musique urgente et pertinente. Et (aral), je ne sais pas comment
c’est fait. Même si on soupçonne, tant d’après le rendu sonore que par ce que l’on sait de d’incise, que c’est peu instrumental, que c’est un travail essentiellement électronique.
Alors, est-ce qu’il y a du “field recording” là-dedans ? Un peu ou uniquement ? Peu importe : c’est non seulement simplement beau – de cette beauté de la musique qui en rend la description d’autant plus malaisée, on a envie de parler de profondeur – mais de plus, oui un espace de représentation musicale s’impose rapidement ; plutôt ouvert, plutôt paisible, riche de micro-éléments dans son apparente déserticité.
Mais il ne s’agit pas d’une musique à programme, de description, d’introduction au voyage ou de quelque chill-out méditatif : trop fougeux, trop travaillé de détails pour cela. Je ne connais pas toute l’étendue de la production de d’incise, tout ce que je sais c’est qu’elle est assez vaste et certainement qu’entre le moment où il a fabriqué cette musique et aujourd’hui, il a dû entamer un million d’autres projets. Il n’en est pas moins que cet (aral) me semble être une composition de grande maturité, celle qui risque de devenir étalon pour l’écoute de ses prochaines productions.
Mais c’est aussi celle qui, toujours à mes oreilles, le fait entrer parmi ceux que je considère être les compositeurs importants d’aujourd’hui, du XXIème siècle, architectes essentiels des musiques électroniques innovantes.
Kasper T. Toeplitz
Revue & Corrigée
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De plus en plus proche de l’art sonore, le musicien suisse d’incise revient avec un disque proche des drones les plus abstraits, poétiques et profonds. Une plongée abyssale dans des flux sonores comme on en entend rarement, consacrée à la mer d’Aral, à la prise de son imperceptible et défectueuse de l’eau qui ne reviendra pas.
On connaît surtout d’incise pour sa participation à de nombreux projets de musique improvisée (aux côtés de Cyril Bondi, Ernesto Rodrigues et beaucoup beaucoup d’autres), ainsi que pour son netlabel qui fait également office de plateforme de diffusion pour de nombreux jeunes musiciens suisses, Insubordinations. Mais depuis un ou deux ans, son travail en solo s’oriente de plus en plus vers l’art sonore, les installations, et la composition électroacoustique ou acousmatique.
Preuve en est ce nouveau disque intitulé (aral), et publié sur le label Mystery Sea, spécialisé dans les drones évoquant les flux et reflux maritimes. Mais compte tenu de la référence au lac desséché d’Aral, on pouvait imaginer que l’eau en tant que telle ne serait pas présente sur cette unique et longue pièce de quarante minutes. Ici, d’incise tente de composer une œuvre sur l’eau sans le bruit de l’eau, une pièce désertique et fantomatique faite de bruits légers et granuleux, de drones lourds mais discrets. Une pièce qui tenterait de capter à la manière de Cage peut-être le bruit de l’environnement, le son du sol, du sel qui corrode le terrain, etc.
Il y a cette base sonore donc, très abstraite, mais aussi intrigante que passionnante, une base discrète, sombre, granuleuse, qui paraît produite par un ordinateur plus que par des micros ou des capteurs, à moins que les enregistrements soient fortement filtrés et modifiés. Et puis, à deux moments, des instruments apparaissent. Un orgue, qui produit une longue note. Et un piano, qui répète quelquefois la même note. Ces deux apparitions instrumentales amènent avec elles une grande touche de grâce, de luminosité et de fraîcheur. Elles nous rappellent l’origine humaine et musicale de (aral), et nous ramènent à une notion de composition qui tend à s’effacer devant le côté investigateur et explorateur.
Mais en même temps, c’est cet aspect qui est le plus réjouissant dans cette œuvre. Une recherche qui peut paraître formelle sur l’environnement sonore d’une mer desséchée, mais qui s’avère en réalité très sensible, poétique, inventive et personnelle. La mer d’Aral est seulement telle que d’incise l’imagine, il n’y a rien de concret, mais seulement l’imagination du son produit par le mouvement de destruction de l’écosystème, les flux corrosifs d’une mer éphémère et transitoire captée par des micros défectueux.
C’est beau, émouvant, très original, intime et poétique ; en même temps que sombre, apeurant et nostalgique.
Julien Héraud
D-Mute
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It’s always tough (for me) to write about this area, what maybe you’d call the dark ambient side of field recording, apart from merely being descriptive of the sounds. d’incise does what he does very well, molding and weaving lines of sonics into a good, palpable mass, always heeding textural play, with various soft, low thrums wandering among patches of crystalline static, for example. Given a strong enough ear on the part of the creator, that is to say an ear more or less on my wavelength (!), it might be tough to go wrong. If I have reservations about it, it’s along the same line as I have about graphics or photo enhancement programs: the results are appealing but I’m wary at the ease by which they’re achieved. Dunno, maybe Protestant work ethic kicking in. Given all that, this works very well, the throb providing a subtle forward thrust for the first 15 minutes before giving way to a clear organ-like tone that levels matters, splays things out a bit under the windy swooshes–nice combination of vacancy and clarity. That works into my favorite portion of the disc, that staticky sounds acquiring welcoming irregularity of occurrence, sounding more “natural” (i.e., as though recorded from broken circuitry), the organ thinning out and ultimately disappearing into a haze. A bit further in, there’s the slight surprise of a lovely piano chord that tolls away beneath the scrim, then some attractive clatter in the mid-distance and what sound like small tapping machines, which come into wonderful focus at the very end of the piece, when all the bass hums suddenly disappear.
Admittedly, this kind of music tends, after a while, to blend together in my memory–it’s hard to isolate–but for listeners into the genre (whatever it might be called) will find much to enjoy here.
Brian Olewnick
Just Outside
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‘The desert as sea is the main idea of this piece.
I recorded water in transitional state,
to make music about water without a sound of it.
Just its trace in the air, like the ones in the sand.
There is metal expanding due to its own heat.
And this impossible attempt of a contact with liquid.
Explosive, sudden evaporations, as storms.
One microphone was malfunctioning too,
as if it refused to serve a lost cause.
The sea is almost gone, but remains a sea nevertheless’.
– D’Incise (April 2013)
In case you’re not sure d’incise is the artist and (aral) is the work, yet another fine and beautifully packaged release from Daniel Crokaert’s Mystery Sea. Here we have a single piece of music which makes as much as it can out of a limited set of sounds.
The sounds themselves are well chosen or, rather, well constructed, most likely made from various studio and field recordings. Amongst others there’s a hissy layer, a high frequency layer, a somewhat distant low frequency layer, a bell-like layer and a rather attractive percussive layer. These layers ebb and flow, overlapping each other – the routine is disturbed only occasionally by a hint of something more immediate.
It might be helpful here to forget the context of the music’s creation and to set aside any concepts behind its creation in order to focus on what we’re actually listening to. It might seem a little unfair to pick on this particular work in order to do this, but I’ve always found d’incise’s work to be of more than passing interest and so it deserves as full a consideration as possible within the terms of a simple review.
We’re listening to layers of sound which, because of their distinctiveness, don’t merge much, beyond the occasional crossfade, and which don’t create any depth in terms of morphogenetic generation within and across the full range of the spectrum. These are not tonal layers so there’s no conventional harmony at work and there’s no beating from difference or combination tone resonance, save perhaps a hint or two in the lower registers. We have one thing set on top of, or placed beside another thing. In this and in one or two other aspects the music is similar to Renaissance polyphonic choral music, differing fundamentally only in the heterogeneity of the sound sources, a fact which prevents any coalescing of the ‘voices’. This arguably places choral music in the position of offering more scope for timbral development. So formally or interms of deeper construction, there’s nothing radically experimental in this aspect of the work. The degree to which timbral development or morphogenesis affords scope for works of greater richness is of course beyond the aims of this review but the possibility is worth bearing in mind as a helpful skein of thread to guide us through the labyrinth of contemporary composition based on recorded sound.
(aral) is therefore an exercise in careful and at times very adept single sound creation as well as a project of basic polyphony. Subjectively I’d say that it would stand above many efforts in this style of composition. Given that any deeper timbral investigation has obviously no part to play in d’incise’s project, this might allow the work to qualify as ambient, in other words not requiring too much of the listener’s attention in order to appreciate the subtleties. The serious attention to detail in the single sound construction redeems the work from any criticism of overall evasiveness or shallowness. Perhaps the trick in this piece is that the artist allows the work to hover between an ambient listening strategy and a closer exploration, though here we are back in the territory of cultural context and speculation, which risks becoming so open-ended as to confuse matters beyond all usefulness.
Caity Kerr
The Field Reporter
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From the slowly growing empire of Mystery Sea and Unfathomless this week a new release on the first label by our man from Switzerland, D’Incise, behind which we find Laurent Peter, who has perhaps a likewise growing empire of releases. Other than his musical talent, he is also a designer, working for the Insubordinations labels and as an improviser he played with Cyril Bondi, Jason Kahn, Thomas Korber, Norbert Moslang and others. Looking back on his previous releases, I think there is an upwards curve in terms of sound treatment, production and composition. He seems, but that’s how I perceive things like this from the outside, more and more in control of his methods and creates some interesting computer music. No doubt there are a bunch of field recordings at the core of this, but none of them are easily be traced back to their origins. One should think sea sounds, sea shores and dunes, based on the crackles and sustaining sounds intertwining each other here. It works really well, and D’Incise uses the dynamic spectrum in an excellent way. Being very low end and very high end, and the whole forty some piece is clearly divided in various parts, each with its own character. Slow and peaceful but with some nasty undercurrent. Like the sea itself !
Frans de Waard
Vital Weekly